29/09/2013

Pure critique de la raison, sans émotion, aucune

Sedjro M. montrant à des ouvriers ses photos prisent sur le chantier Artisttik Afrika, Cotonou
La crispation est la finalité de la raison. Je m'explique, celui qui veut avoir raison n'a que cet objectif là en tête. Il tuerait père et mère pour l'atteindre. D'ailleurs, la raison est une idée qui la lui prend toute entière, elle justifie tout, la vie, la mort. Alors il s'entête. À un tel point qu'il se crispe et en deviendrait presque violent. Cela n'est pas rare, soit dit en passant.  Mourir pour des idées, quel drôle d'idée... (G. Brassen, of course).

On s'échauffe, on sort les flingues, ça tire à tout va, ça vire au cauchemar. Le sol prend une teinte couleur sang. Le rouge émis. Les colombes s'envolent à tire d'ailes, s'éloignent de la scène. Le vent souffle, en Arizona ...chante l'ami Solaar. Il n'y a DÉFINITIVEMENT que dans le monde du rêve que tout s'achève sur un happy end ! Dans la réalité les gens crèvent.

C'est un vrai western, comme on les aime - sur nos écrans plats, ultra-plats, sans profondeur - avec des cow-boys qui se tiennent en joue, dans un duel de la raison ou seul la mort tient lieu d'arbitre. Dira qui des deux avaient tort ou raison.

Le corps de l'ennemi, dont le seul tort, était d'avoir voulu avoir raison est là, étendu sur le sol.
La raison l'a emporté - autant en emporte le vent - le tort s'en est allé, la raison a eu bien raison de lui régler son compte à ce pauvre bougre puisqu'il avait tort. La preuve il est mort...

Si ce n'est pas le cas, de toute façon, peu importe, puisqu'il n'est plus là pour le prouver, en parler, en discuter.
Si la raison n'avait pas agit de la sorte - ne lui avait pas réglé son compte au tort - il est fort à parier que ce dernier lui en aurait causé... du tort. Cela va de soi...

Le tort aurait certainement pris le dessus sur la raison et aurait fini par avoir raison de la raison. Un comble, tout de même...

Une histoire sans issue doit en trouver une, coûte que coûte. Sans quoi on la dit sans queue ni tête ou alambiquée. On n'est pas là pour se compliquer l'existence, encore moins pour rigoler. La vie est déjà assez compliquée comme ça pour ne pas qu'en plus on vienne nous la compliquer d'avantage en nous opposant une raison autre que la notre, en d'autres termes : un tort.

On invente donc les duels et on tue à tout bout de champ, à tort et à travers. À distance ou à bout portant. Dans le cadre ou hors champ. En combat rapproché ou éloigné, c'est selon. Frappe chirurgicale.
Tout ça est d'un raffinement si charmant.
Voilà une autre histoire possible de la raison en Occident. Celle du plus fort !

On s'entretue, voilà comment l'on s'en sort.

Toute réflexion faite - à tort ou à raison - il faut savoir aussi son tort garder pour soi. Ou du moins son tort savoir garder.

"C'est le dernier qui à parler qui à raison, dans ma maison... Ne dites pas non." Chante Amina... ;) 

28/09/2013

Son, pur diamant, taillé pour une poupée de cire

@Photo de l'installation du photographe Ishola Akpo, Cité des arts, Septembre 2013
BABX
Musicien au son bien balancé.

Réflexion suscitée par l'écoute du morceau "Naomi aime" (cf. lien en bas de la page) 

Retour sur un fait divers qui en son temps avait défrayé la chronique du monde de la mode. 

Effrayé, telle une chouette effraie, le monde du commun découvrait les dessous de l'affaire. 

Naomi Campbell avait reçu en cadeau des diamants d'un dictateur africain. Lequel ?
Ne me le demandez pas, je ne m'en souviens plus trop bien ( J'ai la mémoire qui flanche). En fait, pour être honnête, et pour avoir été assez attentif à la énième écoute, je me suis rendu compte que Babx donne le nom du pays dans sa chanson - le Sierra Leone - mais pas celui du dictateur.

LES FRUITS DE L'AFFLICTION
 
Le clip essaime ses scènes de genre qui renvoient à des peintures du genre "Nature morte aux fruits de la passion et aux fruits rouges". Le tout en deux temps trois mouvement. Le réalisateur ayant fait le choix de ne pas faire se superposer ou encore se chevaucher - c'est fantastique - ces images émouvantes. Fondu enchainé, instant velouté. Volonté de distinguer les deux instantanés, comme qui dirait deux temporalités. Cependant, l'un fait écho à l'autre, un peu comme si la scène se répétait mais que seul la nature des fruits différaient. Le crime demeure, quant à lui, identique.

Adam et Ève mange toujours le fruit défendu mais pas sur que, s'ils étaient de notre temps, ils cueilleraient la pomme et se la partageraient. On est donc tenté, à la suite de Danny Laferrière de s'interroger : "Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-il un fruit ou une arme?

Dans les faits, et c'est ici ce qui nous importe avant toute chose, il est question d'une danseuse noire aux pieds nus"...

Danseuse noire en robe blanche, pour être plus précis. La précision à son importance, elle est de taille. Dans le langage occidental, la robe blanche renvoie à, ou symbolise l'innocence.
La blancheur de la robe de mariée, contraste avec le noir de la peau de la danseuse. 
Le noir renvoyant ici de façon implicite à Naomi Campbell, mannequin au corps noir. Précisons encore.

Dans une scène d'orgie gustative, la robe blanche de la danseuse au corps noir est salie par le jus rouge des fruits de même teinte. 
Diamants et sang, évidence des preuves à l'appui. Et l'on appuie là où ça fait mal. 
On saigne à blanc, si je puis dire, l'innocence de la poupée noire dansant en robe blanche. Tutu.
Contraste encore, mais cette fois-ci entre les deux scènes de genre. 
La poupée dévore de façon boulimique fruits rouges et fruits de la passion... 
Renvoie implicite à la mémoire collective sur le thème de la boulimie...
Nos esprits sont orientés dès lors vers d'autres faits divers qui ont secoué la chronique du monde de la mode. Tels des tournesols attirés par un soleil noir, nos idées noires. C'est que nous sommes faits de contrastes. Mais je nuance.



Bonne écoute !

 NAOMI AIME, by BABX : http://www.youtube.com/watch?v=vgAZWJ-vM_Y

26/09/2013

Au pays des doux euphémismes



Part one

Je me souviens d'une époque pas si lointaine où nous parlions...

Je nous vois assis dans le bureau de Véronique Jo' situé dans les locaux de L'AFAA (actuel Institut Français) ou trainant nos pieds d'un bureau à un autre dans ce bâtiment sis avenue de Villars non loin du métro Saint François-Xavier. Priez pour nous !

Descendre ou monter des escaliers, se jucher ou se percher sur les sièges si inconfortablement situés près de la machine à café.


Espace improvisé qui dit bien, maintenant avec le recul, que tout était pensé pour que les employés - dont nous faisions occasionnellement partie - ne s'y attardent pas.
La quête de l'efficacité consiste à ne pas permettre la sociabilité. Si on fabrique des robots - songe le système - on aura moins de prise de position et donc de becs. Par la même occasion on se fera l'économie de la gestion des revendications sociales. En tout cas c'est ce que le système s'évertue à croire... Mais entre désir et réalité, dans les faits, il y a comme qui dirait, bien souvent, un fossé.

Parfois, je veux dire puis je me tais. Pas sur d'être à la bonne place pour prendre la parole. Le système est conscient que je ne peux me tenir dans le vide pour m'exprimer - je ne suis pas que pure esprit - j'ai besoin de me situer socialement, géographiquement (j'entends par là, que j'aie conscience de l'endroit d'où je m'exprime, hic et nunc, ici et maintenant, l'espace et le temps...). Le lieu de locution doit m'être éloquent, il doit me parler comme une évidence. Comme s'il allait de soi que je prenne la parole là, maintenant, pas demain, pas hier, mais aujourd'hui, ici et maintenant !

Le système ne tient pas à ce que ses esclaves aient cette conscience ultime, celle qui leur ferait fiche le camp, se libérer de leurs chaînes.


Mais revenons dans ce bureau rue Villars en cette année 2005, au mois de septembre ou octobre, je crois.

Bref, le code c'est le nom de l'ordinateur dans 2001 l'Odyssey de l'Espace de Kubrick, Stanley de son prénom. Rien avoir donc avec l'explorateur. Vous savez "Docteur Levingston I presume".

Bon c'est quoi le code? Putain tu vas le lâcher ce putain de code ? 
- Ah, oui, doucement doucement... j'y viens ! Non mais des fois...

Bon, le code c'est le nom de l'ordinateur dans l'Odyssey de l'Espace mais il faut décaler d'une lettre à chaque fois.  CAL qu'il se nommait l'ordinateur, ce qui donne donc : DBM, enfin je crois. Satisfait ?

Je regarde Sedjro d'un air un peu dubitatif.
Pourquoi diable ce compliquer le shmiliblick? ... 
Il n'en sait rien et puis avant lui y avait Thierry à ce poste.
Donc il s'en bat les steaks comme jamais personne ne s'en n'est battu les steaks.
C'est un peu vache non ?
Tout dépend, ça pourrait très bien être du steak de cheval.
Mais, me direz-vous, ça ne change rien à l'affaire.

Quoi qu'il en soit, hasard ou coïncidence, la Bénin-Connexion commençait à dessiner ses contours sous nos yeux. Toutefois rien n'était écrit, tout restait à faire. Il faudra attendre près de 7 années avant que ne naisse le bébé. Je devrais dire la BC.

En 2012, lors de la Biennale de Cotonou, nous partions tous et toutes à la Dérive. 
Nous la voulions connectée, mais nous avons déconnectés. Décroché puis raccroché. Tant pis. Il y a plus grand monde au bout du fil. Je file.

Party remise, il n'est jamais trop tard... Mes amis on des voitures, mes amis ont des boulots, mes amis ont des histoires, petit à petit ... Il n'est jamais trop tard, petit à petit l'oiseau fait son nid.

Quant à l'idée, elle fait son chemin.

On vieilli les gars et les girls, on perd nos cheveux qui grisonnent sur les tempes de certains d'entre nous. On perd de vue l'objectif. Tant de choses viennent brouiller la vue de la piste d'atterrissage. Mais si fondamentalement nous y croyons, alors on se retrouvera.
J'y crois, mais comme le chante si bien Shurik'n : "Un homme seul est viande à loup".

En attendant nous sommes encore en 2005 et en toile de fond Daby Touré chante "Iris" sur l'album DIAM. C'était son premier si j'ai bonne mémoire...

Toujours assis dans le bureau de l'Institut Français qui se nommait alors AFAA.
Sedjro fait tourner le titre en boucle. La boucle est bouclée.

Sedjro ses clics et ses claques 

L'ami Sedjro est sur le départ. Direction Vienne. Advienne donc que pourra !

Quant à moi, je viens de débarquer de Montpellier après deux ans de mise au vert. Deux ans auparavant j'étais encore parisien faisant le chemin inverse. Je veux dire que je  quittais Paris. Parie, Paris que je te quitte... Besoin de reprendre mon souffle.
La ville vous pompe si vous ne savez pas clairement définir vos objectifs, elle les floue et vous vous retrouvez lésé sur toute la ligne. 

Mais dans le bureau sis 1 bis de la rue Villars, assis devant ce maudit ordinateur, Sedjro me montre les rudiments qu'il faut savoir. Il m'explique en quelques mots l'organigramme "Alors là tu vois, lui là, hey ben c'est le directeur !"... Etc.
Et moi je m'empresse d'oublier tout ça. Parce que dans le fond, j'ai besoin d'y aller à fond, pas à reculons. 

Je m'approche. Je me cogne, j'ai besoin de me frotter, non pas comme un chien, mais comme un humain qui aime bien sentir, ressentir. Qui aime bien, se sent bien. Vivre quoi !
On parle bien du sens de la vie.

Je crois fondamentalement que ce sont les sens qui font la vie... On devrait donc plutôt dire les sens de la vie car, à mon avis... l'essence de ce qui fait la vie ce n'est pas l'habit qui lui ne fait pas le moine non plus. Alors, savoir qui est le directeur, connaître l'organigramme, c'est déjà d'une certaine façon accepter l'ordre établi.

Il y aurait une hiérarchie qui serait écrite et dictée par des codes et non pas par des faits. Je veux dire que cette hiérarchie est acquise du fait d'un certain nombre de diplômes acquis. Et par conséquent si tu n'as pas ce diplôme, ben tant pis. Tu peux être génial, il te faut ce putain de diplôme sinon t'es rien, t'es cuit. Enfin le système s'arrange pour te faire croire que tu ne compte pas. Ce qui compte c'est d'obtenir ce diplôme.

Tu peux être un parfait crétin et comprendre ça et t'arranger pour obtenir le diplôme - le sacro saint graal - ce qui ne fait pas de toi un génie, mais oblige, de fait les autres, à te considérer comme tel. Hum, hum, système bien tordu que celui-là. Résultat la course aux diplômes est le sport national le plus pratiqué.

Au final on se retrouve avec une bande d'abrutis aux manettes. On se plaint de leur incompétence et du fait que tout s'écroule, mais il ne faut surtout pas remettre en question le fondement. Car, sans quoi, on risque de révéler la supercherie sur laquelle tout ça repose.
Et puis surtout, on ne sait pas sur quel type de principe nouveau on pourrait faire reposer ce système à la con.
Sortir du système ? Mais vous n'y songez pas...
Vous imaginez un peu l'angoisse? 

Bon moi je me casse...
Mais avant j'ai quelque questions à poser... Avant de trouver le mot exit, sortir de mon exil intérieur. 

Bon les ami(e)s, on se le fait ce tour d'horizon ? On casse tout et on recommence, on fabrique de nouveaux hommes, de nouvelles utopies, on produit de la nouvelles pensées et non plus du reader indigest ?  On fout le feu ou on fout le camp faut ce décider un jour ou l'autre... Avant qu'il ne soit trop tard en l'occurence. Puisque plus rien ne brûle et que tout scintille ... Qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu chanterait NTM a notre enseigne... (Suite Abou a du souffle)

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